Entretien avec Kai Diecks, directeur général de SAERTEX multiCom
Il y a un an, Kai Diecks a repris la direction de SAERTEX multiCom. Nous avons discuté avec lui du nouveau cap et des perspectives du fabricant de gaines de Saerbeck.
B_I umweltbau : M. Diecks, venant de la société mère SAERTEX, vous avez débarqué dans le monde de la réhabilitation des canalisations il y a environ un an dans votre nouveau poste de directeur général de SAERTEX multiCom. En tant que nouveau venu, comment avez-vous perçu ce secteur, avec sa dynamique et ses particularités ?
Kai Diecks : La réhabilitation des canalisations ne m’était pas complètement étrangère. Auparavant, j’étais responsable des achats centraux et de la logistique du groupe SAERTEX et je m’occupais également de SAERTEX multiCom dans cette fonction. Et dans le cadre de mon travail intérimaire pour l’entreprise de géotextiles Huesker Systhetic, j’ai également été très en contact avec le secteur de la construction.
Le domaine de la réhabilitation de canalisations m’a semblé un environnement très dynamique dans lequel les acteurs se côtoient de manière rude, mais aussi dans une atmosphère presque familiale. Je trouve cela très sympathique et cela me rappelle des souvenirs de l’époque où j’ai commencé à travailler pour SAERTEX en 2002, à l’époque des pionniers de l’énergie éolienne. Si ce secteur est aujourd’hui dominé par de grandes entreprises, la réhabilitation des canalisations a conservé cette atmosphère familiale et ce dynamisme. Et à ma grande joie, ceci se reflète parfaitement chez SAERTEX multiCom.
Quels sont, selon vous, les défis les plus urgents à relever pour vous-même et pour SAERTEX multiCom dans le cadre de votre nouvelle mission ?
Tout d’abord, il était important pour moi de faire connaissance avec les collaborateurs. Qui fait quoi ici, comment sommes-nous organisés, quels sont nos forces et nos idées, où en sommes-nous aujourd’hui - tel a été le point de départ de nombreuses discussions passionnées. Et dès le début, j’ai été enthousiasmé par le professionnalisme et le dynamisme des personnes qui travaillent ici, et par le savoir-faire présent dans l’entreprise.
Après ces premières constatations, qu’est-ce qui méritait selon vous un changement de cap dans l’entreprise ?
Dans une entreprise innovante, il y a toujours plus d’idées que de ressources pour les mettre en œuvre. Il était donc très important pour moi que l’équipe de direction élabore une stratégie claire sur la manière de diriger l’entreprise ensemble, avec des objectifs et des priorités clairs pour les idées qui nous feront le plus progresser, ainsi que nos clients.
Globalement, nous tiendrons de plus en plus compte du point de vue du client dans les solutions que nous proposerons.
Le marché des gaines de canalisations a ses propres particularités. Les principaux fabricants sont presque tous situés en Allemagne, et des capacités de production élevées ont été mises en place ici notamment dans une optique d’exportation. Comment évaluez-vous la situation du marché et quelles sont selon vous les opportunités et les défis pour SAERTEX multicom?
Je considère que le marché est très positif pour notre technologie. Nous évoluons sur un marché à fort potentiel de croissance, y compris en Allemagne. Nous avons encore beaucoup à faire, notamment dans le domaine de la réhabilitation des conduites d’eau potable. Mais aussi dans le domaine de la réhabilitation des canalisations. Et je pense que nous devons également attirer l’attention, en coopération avec l’Association professionnelle de la réhabilitation de canalisations, sur le retard d’investissement dans ce domaine « invisible » de l’infrastructure de notre pays.
Dans ce contexte, nous avons décidé de construire une toute nouvelle usine de production à Huntersville, en Caroline du Nord, avec un volume d’investissement de 25 millions de dollars US. Nous avons déjà effectué la cérémonie de pose de la première pierre et nous allons y accroître considérablement nos capacités. En Amérique du Sud, nous avons fondé en octobre une nouvelle société SAERTEX multiCom, qui conseillera et accompagnera nos clients dans toute l’Amérique latine depuis Sao Paulo.
Cela permettra également de libérer de nouvelles énergies et capacités pour nos activités en Europe, à la fois pour améliorer nos performances pour les gaines classiques en PRV dans le secteur de la réhabilitation des canalisations et pour l’activité en forte croissance avec nos gaines pour canalisations sous pression.
Le secteur des canalisations sous pression, notamment en ce qui concerne l’eau potable et le gaz, est un monde complètement différent de celui des eaux usées, tant en termes de clients que de contractants. Comment faites-vous face à cela?
La demande locale évolue de manière très positive pour nous. Nous avons maintenant plus de 300 installations en Espagne, en Italie, en Amérique, en Amérique du Sud, en Asie, mais bien sûr aussi en Allemagne.
Mais vous avez tout à fait raison, c’est un marché complètement différent. En conséquence, nous abordons également les choses différemment. Outre les exigences élevées imposées au produit en termes d’hygiène et d’homologation, nous constatons la nécessité de proposer des solutions complètes à nos clients.
D’un point de vue technique, le problème de la transition entre le tuyau rénové et l’ancien tuyau a été résolu. Il reste encore du travail de développement à faire sur le raccordement des tuyaux de raccordement, sur la pliabilité et aussi sur la résistance à des plages de pression encore plus élevées.
Le point de départ pour nous est avant tout d’accompagner nos clients avec des services de la planification initiale à la mise en œuvre finale. Cela comprend l’ingénierie, la gestion de projet, l’assistance sur site et, bien sûr, la formation des clients. Ne serait-ce que pour des raisons de sécurité, aucune gaine de canalisation sous pression ne doit être livrée sans que l’utilisateur ait été formé au préalable.
En ce qui concerne la formation, nous allons adopter une approche totalement nouvelle. Nous sommes en train de mettre en place un nouveau centre de formation où nous développerons de plus en plus d’offres pour les entrepreneurs, les planificateurs et les clients dans les domaines de l’ingénierie, de la technologie d’application et de la technologie des processus, tant pour le secteur des eaux usées que pour celui des canalisations sous pression. Nous le faisons avec beaucoup d’engagement, car c’est selon moi un élément essentiel pour que nous puissions être perçus comme un fournisseur de solutions.
Presque tous les domaines de la vie sont actuellement touchés par la pandémie de coronavirus. Comment cela vous affecte-t-il chez SAERTEX multiCom ?
Nos règles d’hygiène visant à protéger nos employés et nos partenaires commerciaux a bien fonctionné, de sorte que, dans l’ensemble, nous avons très bien traversé la crise jusqu’à présent. Et en termes d’activité, nous avons pu livrer intégralement tout au long de l’année et nous réaliserons cette année un résultat qui sera au niveau record de 2019. Nous espérions une poursuite de la croissance en 2020, mais sur certains marchés où le confinement a été total, comme la France, nous avons dû tenir compte de l’évolution. Nous ressentons ces difficultés, mais dans l’ensemble, nous ne pouvons vraiment pas nous plaindre et nous sommes satisfaits de la façon dont les choses se sont déroulées jusqu’à présent.
D’un point de vue technique, les gaines photopolymérisables ont beaucoup évolué ces dernières années. Permettez-moi de relever deux tendances : L’amélioration des propriétés des matériaux a permis de réduire l’épaisseur des parois, une évolution que certains experts voient d’un œil critique. Et des diamètres de plus en plus grands ont été obtenus. Comment SAERTEX multiCom se positionne-t-elle techniquement avec ses produits ?
Dans le passé, c'est la devise « plus haut – plus vite – plus fort » qui s’était imposée, avec une véritable course à la surenchère en ce qui concerne les valeurs caractéristiques des matériaux et les épaisseurs de paroi réduites. Je pense que cette période est derrière nous.
Avec le savoir-faire en matière de fibres de verre de la grande société mère SAERTEX, nous disposons d’un avantage unique pour améliorer les caractéristiques du matériau. Mais je ne pense pas que cela vaille la peine de pousser ce développement plus loin. La qualité est en fin de compte ce dont le client a besoin. Notre objectif est de développer les produits de manière à ce que nos clients obtiennent ce qui correspond à leurs besoins.
« Pour nous, les conduites sous pression sont un marché d’avenir avec un grand potentiel et une demande croissante au niveau international. »
« En ce qui concerne la formation, nous allons adopter une approche totalement nouvelle. »
Quelle est actuellement le diamètre maximal chez SAERTEX multiCom ?
Nous produisons jusqu’à DN 1600. Nous savons que d’autres fabricants peuvent faire plus et je pense qu’il serait logique pour nous de produire jusqu’à DN 1800. Cependant, cela nécessiterait un certain effort en termes de machines et ce n’est pas notre plus grande priorité pour le moment. En ce moment, il est plus important pour nous d’assurer une sécurité optimale du projet. L’objectif du développement est de rendre l’installation plus facile et plus rapide. Nous faisons de grands progrès à cet égard.
« Je suis convaincu que nous aurons posé de véritables jalons en termes de durabilité d’ici au salon Ro-Ka-Tech ».
Pouvez-vous en dire plus sur l’orientation que vous avez prise?
J’ai déjà décrit nos efforts de développement pour les gaines sous pression, et pour le reste, il serait préférable d’en reparler lors de la Ro-Ka-Tech.
Plus sérieusement, nous faisons actuellement de grands progrès dans différents domaines, mais nous ne publierons ces informations que lorsque le développement sera terminé et pourra être mis en œuvre pour les clients. C’est notre norme de qualité.
Mais je peux vous dire qu’outre l’amélioration de la sécurité des projets et l’installation plus rapide de nos gaines en PRV, nous travaillons également de manière intensive sur le thème des solutions durables. Je suis convaincu que d’ici au salon Ro-Ka-Tech, ou plutôt d’ici le printemps 2021, nous aurons posé de véritables jalons en termes de durabilité.
Comment vous voyez-vous positionné pour relever les défis de l’avenir?
Avec les changements que nous avons effectués l’année dernière, nous pensons être très bien positionnés. Ces changements concernent l’organisation, les procédures et les processus de production et de vente. Ils concernent également la numérisation de notre entreprise. Nous avons fait d’énormes progrès dans ce domaine, ce qui nous aide à devenir meilleurs et plus rapides. Et cela vaut notamment pour notre force d’innovation. Et nous avons beaucoup de choses passionnantes en préparation pour l’année à venir.
« Globalement, nous tiendrons de plus en plus compte du point de vue du client dans les solutions que nous proposerons. »